Juin 2020: direction la Russie !

Super sympa ce cr. Merci.

Mais ... c'est pas terminé, n'est-ce pas !?

Yves, vous êtes bien rentrés sur la Transalp, non ?

Raconte-nous ce retour !
STP

La pause était due aux vacances. Nous sommes partis avec l’AT, et avec le matériel pour une semaine de camping sur les trois semaines de vacances. Il n’y avait évidemment pas de place pour un ordinateur.
 
Nous voici donc à l’aube du dernier jour en Russie, que nous passerons sur la route pour rejoindre notre hébergement en Lettonie, à proximité de la frontière russe.

Pour le retour nous avons adopté le même schéma que pour l’aller, sauf qu’on ne part pas de St Pétersbourg.

Jour 1 : Région de Moscou  –>  Lettonie près de la frontière russe
Jour 2 : Lettonie -> Varsovie
Jour 3 : Varsovie –> Environ de Bayreuth
Jour 4 : Bayreuth -> Lyon

Soit environ 3 000 km au total.

La première étape fait environ 700 km, avec le passage de la frontière Russie / Lettonie.
Nous partirons donc tôt le matin, car il ne faut pas trop compter avec de la route très rapide en Russie.

Ce sera tout en route classique, avec une voie de circulation dans chans sens, comme nos départementales (bas cotés non aménagés).

La bonne surprise c’est que cette route sera plutôt en bon état.

La « mauvaise » c’est qu’elle était en travaux sur plusieurs dizaines de kilomètres (environ 80 km, si je me souviens bien).

Pour ces travaux, pas de déviation, ni de mesure particulière pour la circulation. Il faut faire avec les travaux. La circulation est juste maintenue sur une voie. Aux véhicules de se débrouiller pour se croiser. Heureusement qu’il n’y avait pas beaucoup de circulation.

Première partie, notre voie est neutralisée pour les travaux. La voie est rehaussée d’une trentaine de centimètres avec une assise en cailloux non encore revêtue avec la couche de circulation. Nous devons circuler en contrebas sur la voie de circulation inverse. Les véhicules qui viennent en sens inverse doivent se déporter dans le bas-côté, qui n’a pas été préparé pour cela. Et ceci pendant des kilomètres.

Ensuite, la partie rehaussée de notre voie de circulation avait reçu l’enrobé de la surface de circulation, et un raccord avait été réalisé pour que nous puissions monter sur cette partie de la chaussée. Nous avons circulé ainsi quelques kilomètres. Les véhicules circulant en sens inverse roulant dans la zone en cours de travaux, en contrebas.

Puis nous avons trouvé un premier engin de chantier sur cette voie. Les voitures qui nous précédaient ont dû descendre sur la voie de circulation de l’autre sens. Rien n’était prévu pour cela, elles ont dû descendre le rebord de cailloux incliné d'environ 45 °.  Avec la moto nous avons pu passer à coté de l’engin et poursuivre notre chemin, seuls sur la nouvelle voie de circulation.

Encore quelques kilomètres et un autre engin empêchait tout passage, même avec la moto. A notre tour nous avons dû descendre sur la voie de circulation de l’autre sens.  Un petit moment de stresse avec la moto très chargée et à deux, les cailloux du remblai se dérobant sous les roues.

Et pour finir, les deux voies de circulations étaient disponibles. L’enrobé avait simplement été enlevé, jusqu’à laisser une route en béton, qui devait être ainsi avant la pose de l’enrobé. Ce dernier avait dû être mis lorsque le béton était déjà bien dégradé, et l’enlèvement de l’enrobé a certainement encore dégradé un peu plus le béton. C’était donc roulable, mais en faisant très attention.

Après cette longue zone de travaux la route s’est révélée en bon état jusqu’à la frontière.

Peu avant la frontière nous avons croisé un convoi de sept camping-cars identiques, immatriculés en Italie, qui arrivaient en Russie. Avec la voiture immatriculée en Angleterre à notre arrivée sur Moscou, ce seront les seuls véhicules que nous verrons de tout le voyage immatriculés dans l’Union Européenne. Tous les autres véhicules rencontrés étaient immatriculés en Russie ou dans les anciens pays de l’URSS non intégrés à l’UE.

Le passage de la frontière s’effectuera rapidement en fin d’après-midi, sans formalité particulière. Rien à déclarer et tous les papiers en règle, ça simplifie la douane. Nous avons simplement eu droit au berger allemand qui reniflera les valises de la moto. Comme nous n’avions pas de stupéfiant, nous n’avons pas été inquiétés. 



Encore quelques kilomètres et nous sommes arrivés chez les gens chez qui nous avions pris une chambre d’hôtes. Retour dans l’UE.

Le lendemain, au départ de Lettonie, il n’y avait plus beaucoup d’essence dans le réservoir de la moto.

La route contournait la première ville sur notre trajet. Cette route récente, pour le transit, ne comportait pas de station-service.  J’ai donc choisi de passer par la ville pour en trouver une.  Ce qui n’a posé aucune difficulté, une station étant placée à l’entrée de la ville.

Nous aurions pu prendre l’option de retourner en arrière pour reprendre le contournement. Ce qui n’aurait pas été très embêtant.

Au lieu de cela nous avons continué pour traverser la ville.

Mais malheureusement nous avons rapidement été obligés de prendre une déviation qui nous a éloigné de notre itinéraire initial. Nous contournons la ville par des routes secondaires. Au-delà de la ville nous sommes vraiment sur une route qui ne semble pas rejoindre notre itinéraire.

Cependant, après quelques kilomètres une route qui part sur la droite permettra de rejoindre notre itinéraire.

Rapidement cette route se transforme en piste. Il s’agit d’une piste très large bien damée (qui correspondait à deux larges voies de circulation).  Au moins au début ça roule bien.

Puis vient le moment où la moto semble vouloir se désintégrer. Que se passe-t-il ?
Il s’agit du phénomène bien connu de la « tôle ondulée ». La surface de la piste forme de belles ondulations bien formées et régulières. Cette surface a été formée par le passage de tous les véhicules qui ont précédés. Et plus il en est passé, plus on a une belle tôle ondulée.
Les suspensions de la moto entrent en résonance avec la fréquence de sollicitation générée par les ondulations de la piste. Ce qui amplifie exponentiellement les vibrations sur la moto. Une horreur.
Ralentir atténue les vibrations, mais outre le fait qu’on se traine, elles demeurent très pénibles et importantes.

La meilleure solution est de rouler plus vite que la fréquence de résonance. C’est ce que nous ferons. C’est impressionnant à cause de la vitesse, surtout en courbes dans lesquelles on ne tient pas toujours cette vitesse, mais du point de vue de la sollicitation de la moto, plus aucun problème.

Quelques kilomètres de piste et nous rejoignons notre itinéraire initial.

La suite jusqu’à Varsovie ne me laisse pas de souvenir. La routine d’une route sans grand intérêt.

La suite du retour de Varsovie à Lyon, en deux jours avec l’étape vers Bayreuth, s’effectuera tout par autoroute. Ce sont de longues journées ponctuées par trois ou quatre arrêts pour l’essence et le déjeuner.

Notre Transalp n’est qu’une 600. Elle est fortement chargée. Avec cette charge la moto a une bonne stabilité jusqu’à 120 / 130 km/h. Au delta c’est risqué. Son freinage n’est pas puissant (j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de constater que c’est un avantage sur sol peu consistant, en particulier en off road). Elle aura 110 000 km au retour. A vitesse rapide sur de longues distances et ainsi chargée et par temps chaud, elle consomme de l’huile (dans la norme donnée par Honda). Et qui veut aller loin ménage sa monture. Toutes ces raisons font que nous ne roulerons qu’à 110 km/h, même sur les autoroutes allemandes à vitesse libre.

Voilà, rien de plus à dire pour le retour.

Et enfin pour terminer, un bilan moto.

Évidemment la moto avait été préparée avant le départ pour ce voyage.
Enfin « préparée » est un grand mot pour ce qui a été fait. En fait rien qu’une révision qui permette de parcourir 10 000 km sans avoir d’entretien à faire. C’est-à-dire vidange avec filtre à huile, nettoyage du filtre à air, vérification que les organes d’usure (freins, chaine, etc.) tiendraient normalement les 10 000 km. Et d’une manière générale vérification que tout était en bon état. Rien de plus.

Je n’ai emporté qu’un litre d’huile, sachant que les longues journées d’autoroute nécessiteraient quelques appoints, une mini bombe de graisse pour la chaîne et une bombe anti crevaison (nous n’avons pas eu de crevaison).

Coté bagages. Ce n’était certainement pas nécessaire, mais je voulais que tous les bagages soient dans des contenants « durs » fermés à clé (à part la sacoche réservoir).

Le top case de la Transalp est de taille moyenne, plutôt petit. Pour les voyages j’ai l’habitude de ne pas le prendre pour mettre un sac de voyage type « polochon » et suivant le cas, la tente, les sacs de couchages, etc. sans être limité par un contenant.
Mais cette fois ci ce sera le top case.

Les sacoches, modèle des années 70 en cuir, qui ont fait de nombreux voyages, sont trop petites cette fois pour contenir ce qui ne tient pas dans le top case.
J’ai fabriqué pour l’occasion des valises en tôle d’aluminium d’épaisseur 1,5 mm.
J’ose à peine mentionner leur contenance. 70 litres chacune. Ce qui est énorme. A titre de comparaison les valises (de marque allemande) pour l’AT font 45 et 37 litres.
Le tout est de ne pas y mettre trop de poids malgré le volume disponible.

Du point de vue de l’encombrement, la Transalp avec ces valises a la même largeur que l’AT avec ses valises allemandes. Mais comme les fixations du porte bagages accessoire Honda de la Transalp sont très en arrière, les valises peuvent être plus longues jusqu’à laisser la même distance derrière les reposes pieds passager que lesdites valises allemandes sur l’AT. Ces fixations étant aussi placées hautes, les valises peuvent être plus profondes.

La Transalp a une boucle de cadre arrière ouverte, (avec un pontet soudé) et de petite section. Cette moto supporte donc assez mal un poids important en bagages. De plus, le porte bagages accessoire Honda a des tubes plutôt de petite section, et des pattes de fixation plates, longues et de petite section. Malgré tout c’est du très solide, car la moto a beaucoup voyagé en duo avec bagages dans des contrées moins aseptisées que les nôtres (cap Nord et Turquie notamment), sans aucune rupture ni déformation permanente du coté cadre et porte bagages.

Le problème le plus sensible avec la Transalp est l’oscillation de droite à gauche de la partie arrière du cadre avec des valises assez lourdement chargées lorsque on provoque un mouvement brusque qui initie cette déformation élastique de la boucle arrière du cadre.

Tout cela pour dire qu’en complément des valises, j’ai réalisé un support complémentaire desdites valises en extension du porte bagages, qui soutient les valises par en dessous, qui relie les valises derrière la roue arrière et qui est relié aux fixations des repose pied pilote par des barres de rigidification, qui renforcent significativement la rigidité latérale de l’ensemble de la boucle arrière du cadre, du porte bagages et des valises.

Le tout a parfaitement supporté les innombrables nids de poule monstrueux des routes russes encaissés à la vitesse de 110 km/h.

Le conseil que je peux donner, c’est, pour ce type de voyage en duo avec bagages, de bien étudier la capacité de la moto à accepter la charge sans rendre la conduite dangereuse et sans avoir de dommage au cadre et aux accessoires porte bagages, malgré l’état prévisible des routes.

Après ce voyage, outre la révision de la moto, quelques travaux de remise en état seront nécessaires. Ces travaux ne sont pas que la conséquence du voyage en Russie, mais surtout d’une usure normale depuis l’origine, puisque ces travaux seront réalisés pour la première fois sur cette moto.
Disons que la rudesse des routes Russes ont conduit à faire certaines vérifications sur la partie cycle, qui ont conduit à ces remises en état.

Roues : Jantes, rayons, roulements = R.A.S.

Cadre : Tubes, soudures = R.A.S.

Bagagerie : R.A.S.

Fourche : Pas de fuite, pas de jeu, huile simplement changée après le retour

Colonne de direction : Cuvettes bien marquées (« crans » nettement perceptibles) = remplacement des cuvettes et des billes.

Chaine : Usée, remplacée

Bras oscillant : Entretoise intérieure d’axe marquée, remplacée. Les roulements à aiguilles sont OK. Ils ont été simplement nettoyés et graissés.

Système d’amortissement PRO LINK : Les biellettes réglables (abaissement de la hauteur de selle pour madame), avec chape à rotule à chaque extrémité sont en parfait état. Par contre tous les axes et toutes les bagues de frottement du système PRO LINK sont bien usés. Tout sera remplacé. Certaines de ces pièces ne sont plus disponibles chez Honda. Surtout les bagues de frottement. Après avoir recherché en pièces alternatives à l’origine, et n’avoir pas trouvé, je me suis orienté vers un fournisseur de composants industriels (roulements, joints, bagues de guidages, …) J’y ai trouvé exactement ce qu’il fallait, et de meilleure qualité que l’origine, en bagues avec revêtement anti friction.

Amortisseur arrière : Démontage du ressort, contrôle de la longueur libre (fatigue du métal), contrôle du gaz (selon la méthode indiquée dans la Revue Technique Moto). Grande surprise, les valeurs sont quasi celles de l’amortisseur neuf, très loin des limites de remplacement, pour un amortisseur de 25 ans, plus de 100 000 km, qui a connu notamment les routes et pistes du cap Nord, de la Turquie et de la Russie.

Le bilan usure de la moto est donc très positif, avec une remise en parfait état à peu de frais. (Je fais mon affaire de la main d’œuvre).

Il ne me reste plus qu'à souhaiter à Pierre de pouvoir faire le voyage qu'il désire faire en Russie dès que ce sera possible.

Merci pour cet excellent compte-rendu de voyage, et aussi pour ton souhait !

Effectivement, tout est dans ton "dès que ce sera possible" !

Pour ce qui est du covid, les russes semblent en très mauvaise posture. Quant à la Biélorussie, c'est pire encore :(

Sympa cette petite lecture.

En Russie, il semblerait que la situation sanitaire se dégrade jour après jour, avec des "records" de décès, de contaminations !
Pauvres gens, pauvre pays  ...

M'est avis que je ne suis pas près d'y aller: en Biélorussie (j'envisageais de rentrer par Minsk ... Brest) la situation est pire encore.

Pierre a écrit:

Pour entretenir une petite lueur d'espoir de balade et sur les conseils de l'auteur, j'avais fait traduire mes papiers (permis, certif. d'immatriculation) en russe ...
Ça accélère grandement les contrôles, parait-il.

Mais, depuis cette nuit, sur l'échelle de mes préoccupations ... 🥺

  Ou alors, peut-être qu'avec ça  ça passera

Ouais

Ma traductrice tarnaise m'a posté les documents hier midi !
Et j'ai l'impression que c'est fichu pour quelques années.

Allez Pierre ! Ça va le faire.

Violette a écrit:Peut-être est-il écrit que tu ne peux pas y aller sans moi...   

Chiche, en mai/juin 2023 et à moto

Bonjour Pierre,

Tu n'es pas le seul à être déçu.
Désormais à la retraite j'espérais avoir le temps pour y retourner jusqu'au lac Baïkal, et faire le tour de ce dernier, puis en revenir (entre 2 et 3 mois de voyage). 
Je sais désormais que je ne ferai certainement jamais ce voyage. Je ne voudrais pas retourner en Russie tant que l'état d'esprit de ses dirigeants est ce qu'il est actuellement.
C'est vraiment dommage, car nous avions eu des contacts vraiment sympa avec les gens, malgré la barrière de la langue avec ceux qui ne parlent pas anglais.

Mais ils sont bien conditionnés maintenant. Même notre hébergeur à St Pétersbourg, qui parle très bien notre langue, et qui est venu souvent dans notre pays, nous a envoyé des messages très patriotiques au début du conflit avec l'Ukraine. Majoritairement, les points de vue sont complètement opposés désormais, du coté Russe et du coté européen.

J'ai au moins la consolation d'y être allé une fois. Cela dit, ça n'arrange en rien la frustration que tu peux avoir, et que je comprends d'autant mieux.

Cordialement.