Dimanche 1er juillet
Hola todos (en serbo-croate dans le texte)
Il s’en est passé des choses depuis notre dernière causerie au coin de l’écran …
On vous a quittés en Grèce et depuis nous avons traversé la Macédoine, l’Albanie et nous voici désormais au Monténégro !
De Grèce où nous étions royalement logés, nous n’avons pas vu grand-chose, il était juste prévu que nous quittions ce pays par le nord après avoir débarqué la veille à Igoumenitsa (la croisière roupille, vous vous souvenez ?). Nous avons suivi de superbes routes qui nous ont laissé de belles images dans les yeux. A savoir que toutes ces routes sont bordées de petits monuments religieux où les gens font des offrandes de tous genres, une façon pour eux de se rapprocher des divinités, tout comme les monastères perchés sur les montagnes (nous en avons aperçu 2 ou 3).
Pierre en aura profité pour faire vidanger son Africa chez l’agent Honda du coin, vite fait, bien fait et pas cher… Donc si vous cherchez une bonne adresse pour l’entretien de votre belle, vous pouvez vous rendre à Ioannina de sa part … et votre Africa sera prête pour la grande aventure !
En Grèce, on trouve de tout …
La sortie de Grèce fut pour nous l’entrée en Macédoine ! Je ne savais pas qu’il s’agit d’un pays indépendant, quelle inculture ! C’est l’un de ceux qui a émergé de l’ex Yougoslavie, au même titre que la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Croatie. Nous avons jeté notre dévolu sur la région d’Orhid, dont les lacs sont assez connus et génèrent un tourisme dont la renommée dépasse les frontières de ce petit pays.
Après une petite, mais vraiment petite, route de montagne où nous nous sommes régalés, quelle ne fut pas notre surprise d’arriver dans un petit village côtier du lac et de tomber nez à nez avec une … Africa, et oui, vous avez bien lu ! Une BBR qui plus est, appartenant à un motard serbe qui l’avait notamment emmenée en Jordanie, Syrie, Turquie ! Les motos que l’on a le plus croisées jusque là sont les GS (1150 et 1200), Africa, V-Strom. En Macédoine, en plus de cette belle Africa (2000), il y avait un gros DR800.
Outre la découverte de cette région paisible autour de ce lac très clair où les familles viennent paisiblement se reposer sous un soleil brulant, ce qui nous a peut être le plus surpris en Macédoine, et qui ne doit pas être spécifique à ce petit pays, c’est la « descente » naturelle des locaux (mesurée en volume d’alcool). Nous avons notamment dû décliner le schnaps du patron qui se faisait pourtant une joie de le partager avec nous. C’est toujours difficile de refuser une telle offre, mais un alcool fort de cet acabit et c’est la casquette de béton assurée sous le casque… incompatible avec notre programme du lendemain !
Il était en effet nécessaire d’avoir bien dormi pour affronter la journée du lendemain, à l’occasion de notre passage en Albanie. Nous avions le choix entre le Kosovo et l’Albanie pour rejoindre le Monténégro, notre choix fut influencé par les conseils glanés ici ou là.
Après avoir suivi une très belle route dans des gorges suivant une rivière et quelques très beaux lacs de retenue,
nous avons obliqué vers la gauche sur la route censée mener en Albanie, comme l’indiquaient les panneaux et notre GPS. Mais au bout de 2 km d’une route pourtant toute neuve, il y avait un grand parking puis… plus rien, seulement un chemin de terre barré de quelques branchages en travers et interdisant l’accès. Que faire ? Prendre le risque de passer les branchages et tenter l’aventure du passage clandestin par un chemin peut être difficile, au risque de chuter et/ou de nous faire arrêter au motif d’immigrés clandestins, nous le basque et l’auvergnat ? Cette ide m’a rapidement traversé l’esprit, tant je n’avais pas envie de faire demi-tour, mais elle était peu viable. Visiblement nous allions avoir du mal à passer cette frontière !
Nous étions pourtant prêts à faire demi-tour et perdre près de 2 heures, mais nous avons finalement trouvé la « vraie » route pour l’Albanie, à une dizaine de km plus loin en remontant vers le nord. Après un facile passage de la douane, et ce malgré notre passeport manquant, nous n’imaginions pas une seule seconde trouver la route que nous trouvâmes, sinon on serait passés par ailleurs : comme le dit la chanson, ce n’était qu’une vaste ornière, en fait un truc de dingues. Si les premiers km furent sans problème, la route s’est rapidement transformée en semi piste qui fit chuter notre moyenne à moins de 30 Km/h ! Il y avait des trous partout, plus ou moins profonds, et les rares voitures avaient du mal à passer car elles devaient, elles, jongler pour faire en sorte que les 4 roues passent le mieux possible. Avec nos seules 2 roues, c’était pour nous bien plus facile, de sorte que nous re-dépassions tout le monde dans un panache de poussière jubilatoire (car sur route « normale », notre prudence légendaire fait que tout le monde, ou presque, nous double, tant la conduite locale est dangereuse, il y a d’ailleurs des plaques mortuaires un peu partout le long de la route) !
Je n’ai jamais fait de TT, et ce n’était pas du TT à proprement parler, plutôt de la piste, mais nous nous sommes régalés tant ces machines passent facilement partout ! Malgré leurs 250 kg, sans compter le quintal du chargement que nous leur imposons, elles absorbent tout avec une agilité étonnante ! Il eut été beaucoup plus délicat de passer avec des routières, ne parlons pas des sportives… avis aux amateurs ! Ma plus grande crainte fut que la platine du top case ne cède du fait de son chargement et du porte à faux qui la sollicite beaucoup dans ce genre de cas, mais elle a tenu ! Par ailleurs, il eut été une mauvaise idée de chuter sur ces routes car, outre les infrastructures médicales que je préfère ne pas imaginer, comment aurions nous pu être dépannés ??? Peut être par une Yugo ou une Zastava qui sont les véhicules les plus représentés, à l’exception de gros 4x4 flambant neuf dont on se pose la question de savoir comment ils ont pu être financés dans un tel pays. Du trafic ? Mais quel trafic …
La campagne albanaise nous a beaucoup plu, avec de très beaux points de vue sur des étendues sauvages. C’est un pays qui nous est apparu essentiellement agricole, avec beaucoup de monde travaillant dans les champs. Une enclave « en retard » de 50 ans en plein milieu de l’Europe…
Après 5 à 6 heures d’un tel traitement, nous étions épuisés et les motos dans un état tel qu’un bon lavage local leur aurait fait un bien fou !
Mais nous avions autre chose à faire, notre objectif étant d’arriver avant la nuit ! Ce qui fut fait à Lezhë, petite ville albanaise côtière sur la mer adriatique, repaire de kosovars en vacances balnéaires. Ambiance particulière (immeubles en béton construits sauvagement, musique à fond partout). En bref, les joies du tourisme de masse, que nous n’avons pas vraiment appréciées …
Le lendemain nous repartons vers le Monténégro distant d’une centaine de km. Il fait déjà chaud et la température flirtera avec les 40°C tout au long de la journée… ce qui fut harassant (surtout pour nous car les motos semblent s’en moquer !).
En quelques km, après cette escapade d’un autre temps, nous revenons vers un monde que nous connaissons beaucoup mieux. Ici le niveau de vie est bien plus élevé, tout est beaucoup plus cher et se paye en Euros, alors même que le Monténégro ne fait pas (encore) partie de l’Europe… paradoxe singulier ! Nous aurons quelques frayeurs car les monténégrins conduisent vite et imprudemment, ce qui nous impose d’être encore plus vigilants que d’habitude.
C’est par une magnifique route de montagne que nous descendons sur Kotor, très jolie petite ville fortifiée située au fond d’un bras de mer que d’aucuns appellent fjord (mais qui n’en est pas un).
Il fait toujours une chaleur écrasante et nous sommes heureux de trouver une chambre d’hôtes nickel et à un tarif abordable pour ce coin hyper touristique. La vue sur le lac est splendide.
Oh que le bain, là presque devant notre terrasse, va être bon !!!