2012-05-04 (suite)
Premiers tours de roue en Bosnie-Herzégovine…
J'avoue que j'appréhendais un petit peu les prochaines journées. D'une part, depuis le matin Nico fait la gueule. D'autre part, on nous avait raconté que les nombreux bâtiments détruits donnaient une couleur "particulière", un peu déprimante, aux paysages de ce pays, dont les stigmates de la guerre étaient encore très visibles.
Et pourtant, même si nous dépassons vestiges de constructions détruites et maisons ravagées par les impacts de balles comme s'il s'agissait d'une mauvaise vérole, nous étions préparés à cela, nous nous y attendions. L'impact est aussi diminué par cette vie foisonnante qui a largement reprit ses droits : les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes, les balcons sont décorés de fleurs colorées, la circulation est dense mais calme. Ce ne sont finalement pas les vestiges de la guerre qui nous marquent le plus.
Ce sont toutes ces stèles noires, verticales, qui dépassent du sol, ici et là, aux alentours de la route, qui nous choquent. On les repère en bord de route, dans un champ, ou encore dans un jardin. Parfois elles sont en groupe avec un petit monument à leur côté ; le plus souvent elles sont isolées à côté d'un arbre, d'un muret ou d'un chemin… Ce n'est qu'au bout de quelques kilomètres de route que nous comprenons qu'elles marquent chaque endroit où est tombé un homme, une femme, un enfant. Et ces pierres mortuaires, toutes d'obsidienne semble-t-il, écorchent le paysage de leur présence interminable et répétée…
Plus loin, tandis que la vallée se referme, nous arrivons à Mostar. On m'avait parlé de son pont, le pont de Mostar, comme étant une sorte de passage obligé pour qui vient en Bosnie. De fait, il s'agit surtout d'une attraction touristique : un pont neuf surplombe d'une dizaine de mètres la Neretva, dans laquelle se propose de plonger un adolescent pour quelques monnaies. Des rabatteurs nous obligent à garer les motos (et surtout à payer pour leur surveillance – ce qui ravit d'autant plus mon compagnon de route bougon !) et la visite de la vieille ville ne vaut le détour que si vous aimez les lieux surpeuplés d'appareils photos et de caméras vidéo.
Nous n'y restons pas davantage et reprenons les bécanes pour trouver un coin où dormir.
La route, par contre, qui remonte en serpentant le long de la Neretva, est tout simplement magnifique. Sur une trentaine de kilomètres jusqu'à Konjic, ce n'est qu'une suite de défilés tous plus somptueux les uns que les autres.
Je filme quasiment toute la route… J'espère pouvoir faire un petit montage un jour. Malheureusement, cela prend du temps, beaucoup de temps !
En chemin, nous croisons un convoi officiel (voitures noires, motards, gyrophares) qui double à toute vitesse sur la ligne blanche et manque de peu de me rentrer dedans !
Enfin, pour finir cette longue journée, alors que la fatigue de la route se fait sentir depuis plusieurs kilomètres, nous ratons presque un magnifique hôtel en bordure d'un lac juste avant Konjic. Pour quelques euros, nous aurons chambre individuelle de luxe, avec vue sur le lac et hôtel complètement vide !