Salut à tous. Un peu à la traîne pour rendre mon rapport, mais comme dit l'adage : “Vieux motard que jamais !”. Tout d'abord un grand remerciement à Marc pour l'organisation de cette virée et à tous les participants pour la bonne ambiance entretenue tout au long du séjour. Quelques mots donc pour illustrer des temps forts du weekend.
Afin d'épargner à la mémère, ma rd 03, le trajet aller-retour par les grandes nationales ventées et rectilignes, tout ce qu'elle déteste, je lui ai offert un voyage en première classe, sur une remorque. Bien m'en a pris. Une arrivée chaotique, au milieu de trombes d'eau, d'éclairs et de rafales de vent. On se serait crû à la pointe du raz en plein hiver. Pour un breton, bonjour le dépaysement ! Au matin, le calme était revenu et la campagne scintillait sous le soleil naissant. Dans son briefing matinal, Marc nous annonce que c'est une région où on trouve beaucoup de noyés. “Pas étonnant, avec toute cette pluie !”, que je lui balance. “T'es con. Pas des noyés, des noyers. Des arbres, quoi !” qu'il s'empresse de rectifier. C'est vrai que la région en est couverte. Le paysan d'autrefois pressentait l'ère à venir de la mondialisation et semait des poignées de noix avec frénésie. Aujourd'hui la noix du Périgord inonde la terre entière. Elle est déclinée localement en gateau, vin, confiture, huile, farine, bougie, crème de jour, graisse de chaîne, combustible pour poële à noix...
Enfin on prend la route. Des toutes petites voire minuscules qui serpentent dans le paysage buccolique, longent des falaises et enjambent des rivières. Il faut bien avouer que les gens d'ici maîtrisent un certain savoir-faire dans la confection de virages en tout genre. Un vrai régal ! Par contre les révêtements de routes souffrent de la rudesse du climat. Steph et moi rivalisons d'adresse pour maintenir nos vielles africatwins dans les limites de la chaussée, rebondissant sur les bosses et frôlant la mort à chaque virage. Tout ce que ne soupçonnent même pas les pilotes des motos actuelles. Je dis pilotes, il faudrait plutôt les appeler opérateurs de complexes roulants asservis. Un autre monde, je vous dis !
En arpentant la campagne perigourdine, on s'aperçoit rapidement qu'à une certaine époque, le passe-temps principal fût d'élever des châteaux sur le moindre promontoire pas encore accaparé. Le noblayon local débauchait alors ses sujets occupés à gaver des canards et à casser des noix, pour les faire trimer à élever d'orgueuilleuses demeures et autres tours défensives. Convoqué, le mari posait son casse-noix et lançait à sa femme : “Chérie, je vais construire un château et je reviens. Ne m'attends pas pour dîner.” Du coup, on roule souvent le nez en l'air, occupés à dénicher des donjons qui percent les forêts de chataîgniers, au détriment des règles les plus élémentaires de sécurité routière.
Rocamadour. Magnifique ! Grandiose ! Une ascension difficile en tenue de motard, juste après le déjeuner et sous le soleil, des 216 marches qui mènent au sanctuaire, censé abrité une vierge, noire en plus. Un peu déçu, arrivé en haut : pas une buvette, pas un marchand de glace ! Du coup, on est redescendu...
Visite du château des Milandes, où vécut Joséphine Baker. Pas de bol, elle n'était pas là pour nous accueillir. Belle construction. Solide avec ça. Garantie décennale (dix siècles). Mais bonjour le ménage ! Les araignées sont tranquilles ici. C'est pas à quatre mètres de de hauteur qu'on irait les faire chier. Et puis toutes ces fenêtres? C'est pas moi qui irait leur faire les vitres ! Ce qui est impressionnant, ce sont les salles de bain baroques faites au goût de Jo. J'aurais pas oublié ma serviette, je me serais bien glissé discretos pour essayer une douche dans ce décor exubérant.
Et puis les jardins. Magnifique ! Grandiose ! Marqueyssac avec sa forêt de buis taillé et le labyrinthe de ses allées. Les gens du coin viennent y perdre leurs enfants. La falaise d'un côté, le maquis inextricable de l'autre, l'endroit paraît judicieux... D'ailleurs, on a failli y égarer pour de bon Gilles, esprit aventurier s'il en est. Parti sans équipement de survie, on nous l'a ramené hagard et à demi déshydraté, alors que nous nous impatientions autour de nos motos. Il ne pensait plus revoir sa Pan-European...
Des regrets ? Oui, bien sûr. Être arrivés cinq minutes après la fermeture des guichets à la grotte de Lascaux. Ne pas avoir insisté auprès de Marc pour visiter le musée de la noix, à Saillac. Et enfin, d'avoir fait un abus immodéré de la cuisine locale et du vin de Bergerac dont il m'a fallu trois jours pour me remettre après cette virée gastronomique. Plus jamais de confit de canard au petit-déjeuner !
A bientôt pour de nouvelles aventures !