Bonjour,
La suite ...
J’ai choisi de ne passer qu’une frontière avec des formalités. Ça signifie rester dans l’EU jusqu’à la frontière russe. Pour cela l’itinéraire sera France, Allemagne, Pologne, Lituanie, Lettonie, Russie.
Premier jour, de Lyon à As en République Tchèque. As est tout près de la frontière allemande, que nous avons longée un moment. Pourquoi l’étape à As ? Simplement parce que nous n’avons pas trouvé d’hôtel au tarif que l’on voulait en Allemagne. Pourtant il y a des hôtels avec des tarifs intéressants dans ce coin d’Allemagne. Mais cette fois ci on n’en a pas trouvé.
En France, Lyon, Mulhouse, puis traversée de la frontière à Mulhouse. Je préfère l’autoroute allemande à celle de Mulhouse à Strasbourg. Elle est à vitesse limitée, comme en France, mais je trouve qu’on y circule mieux.
Attention ! Le trafic y est dense dans la plaine de la vallée du Rhin, et il y a souvent des ralentissements à l’approche des villes, que pourtant l’on ne voit pas.
Plus loin, en Allemagne lorsque l’autoroute devient à vitesse non limitée, il faut faire très attention lors des dépassements. Il ne faut pas croire, mais malgré que la vitesse ne soit pas limitée, beaucoup d’allemands ne roulent qu’à 110 / 120 km/h. On est donc amené à faire des dépassements, même si on ne roule pas très vite. On s’en doute, pour les dépassements sur ces autoroutes, il faut regarder très loin dans le rétroviseur gauche, car certains ont vraiment des bolides, et circulent pied au plancher. Le différentiel de vitesse avec les autres véhicules peut être bien supérieur à 100 km/h .
Deuxième jour de AS à Ostrow Mazowiecka, dans la périphérie Est de Varsovie, sur la route de la Lituanie. RAS pour cette journée. C’est de l’autoroute avec faible trafic jusqu’à Varsovie, rien à craindre avec la conduite des polonais hors autoroute.
Troisième jour, de Ostrow Mazowiecka à Daugavpils, en Lettonie, le plus près possible de la frontière Russe.
On craignait un passage de frontière difficile et long, nous avons donc préféré nous y présenter tôt le matin du quatrième jour, pour ne pas avoir à continuer depuis la frontière en fin d’après-midi et être contraints de rouler jusqu’à St Pétersbourg une partie de nuit. D’après les informations que l’on avait, l’état des routes ne s’y prêtait pas. Sur place ça s’est révélé bête comme idée, … J’aurai dû y penser avant le départ. Début juillet, à cette latitude il n’y a quasiment pas de nuit.
De Varsovie à la Lituanie il y avait beaucoup de travaux sur la route à seulement une voie dans chaque sens. Et le trafic était très chargé. Du coup je n’ai jamais vu les polonais aussi prudents sur la route. Aucun dépassement alors qu’un véhicule arrivait dans le sens opposé. C’est pourtant quasi la norme dans ce pays. Chacun se débrouille alors pour « passer » à trois, voire à quatre quand il y a un dépassement simultanément dans chaque sens (je l’ai vu lors d’un voyage en Pologne précédent).
Lituanie : RAS. Petit pays, vite traversé.
En Lettonie, et d’autant plus que nous nous rapprochions de la frontière Russe, la route était de plus en plus dégradée, avec pas mal de nids de poule près de la frontière. Mais il y avait peu de circulation, et la Transalp a des suspensions à grands débattements. En « slalomant » un peu ça ne nous a pas trop ralentis.
Quatrième jour, Daugavpils à St Pétersbourg, en commençant par le passage de la frontière Lettonie / Russie.
Dès les tous premiers kilomètres on a vu des camions semi-remorques, internationaux, stationnés sur le bas-côté de la route. Ce qui était étrange, c’est qu’ils ne formaient pas une file continue. Il pouvait y avoir plusieurs dizaines, voire quelques centaines de mètres entre eux. Mais ça faisait quand même beaucoup de camions qui attendaient. Et ça ressemblait bien à une file d’attente pour la frontière, alors qu’on était encore à quelques kilomètres de cette dernière. On a en eu la confirmation lorsqu’on a vu une voiture de la douane avec les douaniers qui échangeaient des papiers avec un chauffeur de poids lourd. Apparemment les camions ne vont pas directement jusqu’à la douane, peut-être pour ne pas faire un embouteillage. Les douaniers viennent à eux en faisant la navette entre les camions et la douane, et je suppose que les camions s’approchent de la douane lorsque les formalités sont faites. Ils doivent ainsi pouvoir franchir facilement la douane sans faire un monstrueux embouteillage si les formalités sont longues pour certains d’eux.
Je me suis posé la question si nous devions faire de même. Mais il n’était pas encore 9 heures du matin, et il n’y avait personne devant nous. Je suis donc allé lentement jusqu’au poste de douane, prêt à m’arrêter immédiatement si quelqu’un me l’avait demandé.
Nous voici arrivés au poste de douane letton. Toujours personne devant nous. Chic, on a les douaniers pour nous tous seuls et du temps si le passage de la frontière ne se passe pas super bien.
Étant européens, et quittant l’Europe, je pensais qu’il n’y aurait aucun contrôle de ce côté de la frontière.
Erreur. Il a fallu présenter mon permis de conduire, et le douanier est allé consulter un ordinateur avec. Après quelques minutes le douanier est revenu, m’a demandé de serrer la moto sur le côté, et nous a demandé d’aller patienter dans une salle d’attente. Une boisson nous a même été proposée. Visiblement il y avait un problème avec mon permis, mais il ne m’a pas été dit lequel.
Après peut être un quart d’heure, une douanière est venue me rendre mon permis, en disant juste « Vous êtes très jeune sur la photo de votre permis ». En effet, j’ai passé mon permis 125 cm3 à 16 ans, et je fais vraiment gamin sur la photo. Je n’ai pas su ce qui avait attiré l’attention des douaniers avec mon permis. Peut-être la date de délivrance à 16 ans.
En revenant vers la moto un autre douanier m’a demandé de lui montrer la plaque d’identification gravée sur la colonne de direction. Pas pratique avec le carénage de la Transalp. Il avait une lampe de poche. En se contorsionnant un peu il a pu vérifier que le N° de série était le même que celui du certificat d’immatriculation. « Oui, Monsieur le douanier, nous ne sommes pas venus avec une moto volée ».
Nous pouvons passer à la douane Russe.
C’est une succession de trois cabanes, avec des guichets auxquels il faut se présenter. On avance à chaque fois avec la moto jusqu’à la cabane suivante.
Au premier guichet on nous donne chacun un formulaire, en anglais, qu’il faut remplir. On le remplit sur place. Si je me souviens ça ne concerne que nos identités. On donne les formulaires remplis au deuxième guichet, qui vérifie. Pourquoi on ne redonne pas le formulaire rempli au premier guichet ? Je n’en sais strictement rien. Mais il nous faut respecter strictement ce qui nous est demandé. Les deux premiers guichets sont passés en quelques minutes, sans aucune remarque des douaniers russes.
Au troisième guichet le douanier nous donne un formulaire en russe, avec pas mal de lignes à remplir. Immédiatement on voit qu’on n’y arrivera pas, car on ne comprend rien à ce formulaire. On demande donc si le formulaire existe en anglais. Et le douanier reprend celui en russe pour nous en redonner un en anglais. Soulagement !
C’est un formulaire de déclaration d’importation temporaire de la moto en Russie.
Je m’attendais à devoir montrer le certificat d’immatriculation de la moto à la douane russe. Et je me doutais bien que les douaniers ne comprendraient rien à ce document. Aussi, avant de partir j’ai fait une traduction du certificat d’immatriculation en Russe avec un traducteur trouvé sur internet. Bien m’en a pris.
Le douanier m’a effectivement demandé le certificat d’immatriculation, que je lui ai donné avec sa traduction. Je pense que ça l’a un peu mis d’humeur à ne pas trop nous embêter.
Sinon nous n’avons pas eu de contrôle de nos bagages. J’ai dû simplement ouvrir les valises et le top case.
Lorsque le douanier a vu que le contenu était mis directement dedans, il s’est peut être dit que si il voulait en contrôler le contenu, nous devrions tout mettre par terre, sur la route, les vêtements et les sous-vêtements, notre piquenique du jour et les quelques provisions que nous avions d’avance pour le cas où. Il ne savait certainement pas qu’on pouvait décrocher le top case de la moto et n’a certainement pas prêté attention au fait qu’il y avait des sacs intérieurs dans les valises, en tissu faits par ma couturière d’épouse, ce qui aurait permis d’emmener les bagages dans une pièce pour en contrôler le contenu.
Ainsi il n’a pas vu l’appareil photo et la tablette au milieu des vêtements, que nous n’avons pas déclarés. Je pense que c’était des objets à déclarer, mais à la question avez-vous quelque chose à déclarer, nous avons répondu « rien ».
J’avais lu dans des comptes rendus de voyage que des campings caristes avaient dû déclarer plein de choses contenues dans le camping-car. Et qu’ils y avaient passé des heures à faire et refaire la déclaration qui ne satisfaisait pas les douaniers russes. D’où l’intérêt de voyager à moto, et de ne pas être soupçonnés d’emmener autre chose que le strict nécessaire, par faute de place.
Revenons-en à la déclaration d’importation de la moto.
Naturellement le douanier m’a donné, à moi, et non pas à Madame, le formulaire. Je l’ai rempli du mieux que j’ai pu, et l’ai rendu au douanier. Il a pris beaucoup de temps pour le vérifier, le comparer à nos papiers et au certificat d’immatriculation de la moto.
Il a également longuement consulté son ordinateur. Même très longuement, au point que nous avons fini par nous demander ce qui pouvait bien se passer.
Finalement le douanier s’est tourné vers nous, et nous a simplement demandé en anglais dans quelle ville nous habitions. Les adresses russes ne sont pas écrites de la même manière que les nôtres. Il était incapable de discriminer dans une adresse française écrite en français le nom de la ville de celui de la rue. Comme en plus le nom de notre rue est composé de trois noms, ça n’a pas facilité sa tâche. Il avait passé tout ce temps à essayer de nous retrouver dans son ordinateur en tâtonnant entre différentes possibilités d’association rue / ville avec ces quatre noms. En plus il ne devait rien comprendre entre le N° de rue et le code postal. Il a dû prendre l’un pour l’autre. Son autorité de fonctionnaire ayant tout pouvoir lui interdisant certainement de nous demander l’information, sans égratigner cette position d’autorité. Au bout de tout ce temps il a bien dû se rendre à l’évidence qu’il devait nous demander cette chose simple qui était écrite devant ses yeux.
Une fois qu’on lui ait expliqué l’adresse, c’est à dire quel était le nom de la ville et de la rue, il nous a retrouvé immédiatement dans l’ordinateur.
Il nous a alors rendu la déclaration d’importation de la moto avec un grand sourire, en déclarant « il n’y a que deux erreurs, il faut la recommencer », accompagnée d’un nouveau formulaire vierge.
Là où il a été très certainement particulièrement sympa, peut-être même en dépassant ses prérogatives, c’est qu’il a corrigé les erreurs sur la déclaration d’importation de la moto. Je n’avais qu’à la recopier.
J’avais lu des témoignages dans lesquels il était dit que le douanier avait redonné un formulaire vierge sans dire ce qui était faux. Les personnes avaient dû recommencer plusieurs fois la déclaration d’importation sans comprendre ce qui était faux, en essayant de corriger un peu au hasard. Ils y avaient passé des heures.
Pour la date, le formulaire était fait comme suit : Date : ʺ ʺ_____________________
J’avais inscrit la date au-dessus du trait : ʺ ʺ 13/07/2013. Le douanier avait inscrit quelque chose entre les guillemets que je n’arrivais pas à lire. Il avait écrit vraiment « comme un cochon».
La deuxième correction, c’était à une rubrique N° de quelque chose que je n’avais pas compris, et que j’avais laissée blanche. Il y avait inscrit quelque chose que je déchiffrais comme √B/N, soit quelque chose qui ressemble à la formule mathématique « racine de B sur N » (toujours l’écriture de cochon).
Je me demandais bien quel pouvait être le rapport de √B/N avec la moto.
J’ai recommencé à remplir le formulaire, en imitant les signes de l’écriture de cochon que je ne comprenais pas. Et j’ai rendu le formulaire ainsi complété au douanier.
Il l’a relu. M’a regardé avec des gros yeux, et m’a dit d’un air fâché « quel jour sommes-nous AUJOURD’HUI ? ».
Je lui ai répondu le 13 juillet.
Il a pointé son doigt sur le signe cabalistique que j’avais recopié entre les guillemets sans comprendre ce qu’il signifiait et qui était pour moi un gribouillis, et a dit de sa plus grosse voix : « et qu’avez-vous écrit ici».
Penaud, j’ai répondu que je ne savais pas.
En corrigeant il avait écrit 13, mais tellement mal que je n’ai pas été capable de le lire. Et mon gribouillis d’imitation de ce qu’il avait écrit ne ressemblait pas à 13.
En fait la date il fallait la remplir : Date « 13 » 07/2013 et non pas Date : « » 13/07/2013, comme je l’avais écrit la première fois.
Pour cette simple différence il fallait reremplir le formulaire.
Très étrangement le √B/N n’a fait l’objet d’aucune remarque. Je n’ai toujours pas compris comment cela avait pu passer ainsi. Ça ne veut vraiment rien dire.
Pendant que je remplissais le formulaire, une douanière est venue regarder par-dessus l’épaule de notre douanier.
Elle a vu tous les papiers étalés devant lui, dont la traduction du certificat d’immatriculation de la moto. Les deux douaniers ont échangé quelques mots en russe. Et notre douanier nous a soudainement demandé à qui appartenait la moto.
Fine mouche la douanière ! elle s’est bien rendu compte que Véronique, le prénom sur la carte grise, n’était pas le mien.
Le douanier, lui, ne s’en était pas rendu compte. Apparemment il ne savait pas que Véronique n’est pas un prénom masculin.
Nous avons donc désigné la propriétaire de la moto, madame Véronique V., mon épouse ici présente à côté de moi, avec tous ses papiers en règle.
Le douanier nous a alors redonné un formulaire vierge, … qu’il a tendu à Madame, pour qu’ELLE le remplisse.
Je n’avais pas le droit de remplir le formulaire d’importation de la moto qui n’était pas immatriculée à mon nom.
Madame a donc rempli le formulaire.
Cette fois ci a été la bonne, le √B/N est passé une deuxième fois comme une lettre à la poste.
Si quelqu’un peut me dire ce que ça signifie, ça fera une énigme de résolue pour moi.
Nous avons pu passer la douane, il était un peu plus de onze heures. Nous n’avions guère mis plus de 2 heures pour passer la frontière. Nous étions en Russie. Nous nous sommes dit qu’on avait été chanceux.
Après la douane il y avait un petit complexe hôtel et restaurant.
Nous nous sommes arrêtés sur son parking et avons décidé de déjeuner pour ensuite faire le reste du trajet sans pause jusqu’à St Pétersbourg.
Pendant que nous déballions notre pique-nique, quelqu’un du complexe nous a gentiment apporté et offert chacun un thé. Le séjour en Russie commençait très bien.
Les douaniers sont quand même tatillons.